Municipale 2014 : analyse du 1er tour...

Publié le par Olivier CAMPS-VAQUER

Nous sommes à 2 jours du second tour de l'élection municipale de 2014. Il convient d'analyser froidement la situation issue du premier tour.

1°) Tout d'abord, examinons la participation. Par rapport à l'élection municipale de 2008, le nombre de votants a diminué de 1196 électeurs (soit une baisse de 4,4%) dont 937 dans le seul canton Nord-Est (12,3% de baisse dans ce canton). D'une façon générale, le nombre de votants était relativement stable (et même en légère augmentation) dans les quartiers pavillonnaires et en chute sévère dans les quartiers populaires. Et ce, malgré une augmentation du nombre d'électeurs inscrits entre 2008 et 2014 : + 1 690, soit 3,7% de hausse. Cela s'explique bien entendu par une baisse du taux de participation : 54,7% en 2014 alors qu'il était de 59,4% au 1er tour de 2008 : près de 5 points de moins ! On le sait, c'est dans les quartiers populaires que l'érosion de la participation a été la plus forte : 48,5% en 2014 au lieu de 56,8% en 2008, soit 8,3 points de moins.... On avait déjà vécu le même phénomène en 2001. L'électorat populaire des quartiers Nord avait à l'époque déserté les urnes, privant la Gauche d'une partie de son vivier d'électeurs traditionnels. On sortait à la fois du long règne (36 ans) du Maire communiste Dominique FRELAUT à la Mairie de COLOMBES mais également de 4 ans de Gouvernement JOSPIN. Et en 2001, le phénomène avait été amplifié par une diminution importante du nombre d'électeurs inscrits dans les cantons Nord.

2°) Le fossé Gauche-Droite s'est nettement creusé en faveur de la Droite. En faisant l'addition des voix recueillies par les différentes listes, cela donne 14 922 voix pour la Droite (soit 59,9% des suffrages exprimés), et 9 981 voix (soit 40,1% des suffrages exprimés) seulement pour la Gauche. Même dans les cantons Nord, le total des voix de Droite dépasse le total des voix de Gauche de 1 219 voix. Et dans le seul canton Sud, le total des voix de Droite (7 544) est quasiment le double du total des voix de Gauche (3 822). Cela fait au total 4 941 voix d'écart, soit près de 5 000 voix (près de la moitié du stock des voix de Gauche de ce 1er tour). C'est énorme ! Quand on se rappelle que COLOMBES avait voté François HOLLANDE à 58% lors de la Présidentielle de 2012 (70% dans les cantons Nord), on mesure le chemin parcouru ! Et si l'on compare le nombre des voix de Droite de ce 1er tour avec le nombre des voix s'étant portées sur la liste Nicole GOUETA au 2ème tour de 2008, on observe une certaine stabilité et même une légère amélioration (+ 1 240 voix). Alors que la même comparaison pour la Gauche aboutit à un déficit de 5 824 voix ! On retrouve ici (entre autres !) les presque 5 000 voix d'abstentionnistes de Gauche qui ont tant manqué à Philippe SARRE pour ce 1er tour...

3°) Surprise de ce 1er tour : malgré la présence de 8 listes, l'électorat s'est moins dispersé que prévu. A gauche, la liste conduite par le Maire sortant Philippe SARRE a concentré 8 616 voix sur un total de voix de Gauche de 9 981, soit 86%. A droite, on observe le même phénomène de façon moins amplifiée : Madame GOUETA a recueilli 8 265 voix sur un total de 14 922 voix de Droite (soit 55,3%). 2 conséquences : d'une part, dès le 1er tour, des 2 côtés de l'échiquier politique, une large majorité de voix s'est portée sur une liste "leader" en prévision du 2ème tour ; d'autre part, la division des listes à droite a peut-être permis de ratisser plus large.

4°) Autre surprise de ce 1er tour. Les listes qui tirent leur épingle du jeu sont les listes dont les têtes ont déjà été Maires ou les listes à étiquettes de partis politiques nationaux (ou les 2). On s'attendait à une volonté de renouvellement du personnel politique, à une "municipalisation" des élections municipales, à un examen rigoureux des projets des uns et des autres, à un effacement du rôle des partis politiques nationaux. A gauche par exemple : on aurait pu penser que les listes à gauche de la Gauche drainerait davantage de voix en contestation de la politique menée par le gouvernement socialiste et aussi en contestation du bilan du Maire socialiste sortant. Et bien non : faute de figure charismatique reconnue, l'électorat de Gauche mécontent préfère s'abstenir plutôt que de voter pour des listes qu'il ne connaît pas... A droite : on aurait pu penser à un relatif équilibre numérique des listes GOUETA, TRUPIN, RAINFRAY et METIAS. Or, la liste conduite par Laurent TRUPIN, si elle a fait un score tout-à-fait honorable avec un peu plus du quart du total des voix de Droite, a fait beaucoup moins que la liste conduite par Nicole GOUETA (4 436 voix d'écart) et donc beaucoup moins qu'attendu. Laurent TRUPIN ayant "travaillé" à fond une niche sociologique ayant pour base l'Ecole privée Jeanne d'Arc, a pu mesurer la portée réelle de cet électorat pourtant très présent dans les quartiers pavillonnaires de la Ville. Il est singulier d'observer que les 2 listes de Droite indépendantes des partis politiques (TRUPIN et RAINFRAY) ayant travaillé chacune sur un vrai projet avec des idées audacieuses, ont finalement été peu reconnues par l'électorat à raison de leurs projets respectifs, comme si parler de projet avait été "hors sujet" pour cette élection. La liste TRUPIN a fait un score décevant aux yeux de ses colistiers et de ses électeurs. Quant à la liste de Lionnel RAINFRAY, elle s'est effondrée, ne dépassant même pas la barre des 5%. Les 2 autres listes (GOUETA et METIAS) s'étaient affichées comme listes officielles de partis politiques, n'avaient pas de projet politique fort (sauf à appeler "projet" une suites d'incantations "plus de sécurité", "plus de dynamisme", "plus de...", plus plus plus...). Et la liste METIAS que personne ne voyait vraiment au--dessus de 5%, a fait 7% en capitalisant sur son étiquette UDI connue du grand public. Tout s'est joué comme une sorte de match retour de 2008 (bilan contre bilan) avec les mêmes acteurs et les mêmes motivations (On vote "contre" le pouvoir en place !). Le fameux "effet de halo" bien connu des politologue a joué à plein.

5°) En conclusion, pour dimanche prochain, à mojns d'une très forte mobilisation des abstentionnistes de gauche (il en faudrait au moins 5 000 !) et d'une mobilisation plutôt molle des électeurs de Droite des listes TRUPIN, METIAS et RAINFRAY à cause de mauvais reports de voix, on voit mal comment la liste conduite par Nicole GOUETA ne pourrait pas gagner le 2ème tour...

Rendez-vous donc en début de semaine prochaine pour décrypter les résultats du 2ème tour.

Publié dans Politique locale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> Ça n'est pas parce que le premier tour est lointain (et que le deuxième tour a livré son verdict) qu'il n'y a plus rien à dire. Globalement en ligne avec votre article. Deux remarques toutefois :<br /> j'ai pour ma part été surpris par le score de la liste « officielle » UDI conduite par Samuel Mettias, qui n'avait pas l'implentation locale de Laurent Trupin. Quant à la liste à laquelle vous<br /> participiez, score décevant, bien sûr, mais la campagne de L. Rainfray fut à mes yeux atone. L'utilisation du mégaphone rue Saint Denis pour se faire entendre était pour moi cruellement<br /> symbolique.<br />
Répondre